17 Jan 25 Delivery – ‘Force Majeure’
Album / Heavenly / 17.01.2024
Punk rock – Post punk
Il peut se passer énormément de choses en deux ans. Demandez à Delivery qui, le temps de la pandémie, a non seulement vu le jour mais a aussi pris le temps de composer et sortir un premier album, Forever Giving Handshakes, aussi perfectible qu’il affichait un évident potentiel. Il faut dire que Bec Allan et James Lynch – couple à la ville comme à la scène et à l’origine du projet – avaient seulement joué chacun de leur côté jusqu’à ce qu’on les oblige à se confiner, ce qu’ils ont fait en se réfugiant sous un même toit après plusieurs années passées à se fréquenter. Elle est issue de la communauté punk de Melbourne, lui plutôt d’une scène garage pop un peu plus lisse mais non moins talentueuse. Ensemble, et accompagnés de colocataires aux doigts de fée, ils font de Delivery le juste milieu de leurs élans musicaux, le carrefour logique de leurs inspirations, jamais très loin de Eddy Current Suppression Ring dont ils revendiquent l’influence, et de Parquet Courts ou Bodega dont on peut déceler ici quelques ressemblances.
Deux ans plus tard encore, le quintet australien a enchainé les concerts, affuté sa musique, soigné ses arrangements pour signer une douzaine de nouveaux morceaux bien mieux produits, à la fois plus immédiats et sûrs de leurs forces. Dès l’entame, le très réussi Digging The Hole met l’album sur de bons rails : costaud, solide, diablement accrocheur et paré de ses nouvelles ambitions, Delivery – porté par ses quatre voix – nous embarque au fil de changements de rythmes et autres idées bien trouvées. Passé une première face particulièrement inspirée, très majoritairement dédiée au punk rock (Operating At a Loss, Stuck In The Game), le groupe lève le voile sur un autre registre qu’il maitrise tout autant : celui d’un post-punk parfois tubesque (The New Alphabet, Exacto), mais tout aussi convaincant quand il tire un peu moins fort sur les grosses ficelles du genre (Focus Right, What Else ?)
On vous l’a dit : Delivery a grandi, vite. Et avec ce Force Majeure drappé d’une diversité toute nouvelle pour lui, le groupe s’applique à le rappeler en creusant tout au long de ce disque un fossé encore franchissable qui le sépare de son prédécesseur. Si la base reste identique donc, la multiplication des ambiances, la pluralité des rythmes, ce groove nettement souligné par une production aux petits oignons, comme cette volonté de relâcher la pression par moments contribuent à l’efficacité et à la bonne digestion de sa musique, désormais prête à s’inscrire dans le temps. Ce qui tombe plutôt bien : quand le rock affiche autant d’atouts et d’authenticité, on ne se fait pas prier pour lui en accorder.
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