Grive – ‘Tales of Uncertainty’

Grive – ‘Tales of Uncertainty’

Album / Talitres / 11.10.2024
Dream pop

There’s a woman in the backyard, she is looking for a color she’s lost…‘. Ainsi débute Tales of Uncertainty, recueil de morceaux aussi lynchéens que lovecraftiens pour leur ambiance à la fois sombre et éthérée. Mais point de littérature, de cinéma ou même de peinture ici, l’exercice de synesthésie s’arrêtant aux portes de l’inspiration propre du duo.

Fruit de la collaboration entre Agnès Gayraud (La Féline) et Paul Régimbeau (Mondkopf, Oiseaux-Tempête), Grive avait déjà fait une discrète apparition avec un EP en 2021, dont on retrouve l’envoûtant et planant Burger Stack sur ce nouvel opus. Comptant la participation de Jean-Michel Pirès (Bruit Noir, NLF3) à la batterie et celle de Léa Moreau (Dismaze) sur deux titres, ce premier album décline en huit morceaux un univers à la fois sombre, aérien et immersif. Aussi à l’aise en anglais que dans sa langue maternelle, Agnès Gayraud orne d’une voix sublime les ambiances sonores pensées avec son comparse, tout en guitares réverbérées et en nappes synthétiques. Il y a assurément du Beach House, du King Hannah ou même du Mazzy Star dans ces bijoux qui oscillent entre dream pop, shoegaze et slowcore. Il faut alors se laisser bercer, porter par ses clairs-obscurs aux rythmes lancinants, drainés par des tempi plus lents que de raison. Contempler l’abîme, se défaire de la nuit, accueillir les promesses du jour. Retrouver sa couleur.

Dans ses paroles, le duo dresse le portrait impressionniste d’une époque où les âmes perdues sont légions, que ce soit dans l’inquiétant Wait and See (‘Sometimes I watch my life like a spectator‘), le mélancolique How Many Years (‘How many years will it take us to destroy you?‘) ou le pénétrant Quicksands (‘Drop everything if you step into quicksand‘). On jurerait entendre le fantôme de Sinéad O’Connor dans Darkest Woman on Earth, tel un passage entre le monde des vivants et des morts. Un pont aux allures de tunnel comme celui du fantastique morceau de clôture The Loop avec sa mélodie imparable, ses arrangements hypnotiques et son unique mantra (‘My head is spinning, everything turns in a loop…‘) qui incarne à lui seul toute la pertinence du projet, scellant notre envie de retourner la galette sitôt la seconde face terminée. Mais tout sort, tout charme, tout envoûtement se doit de comporter une fin. Peut-être celle qui dit qu’ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’albums. C’est en tout cas tout ce qu’on souhaite à ce duo fascinant.

Photo : Philippe Manzoni

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A ECOUTER EN PRIORITE
Wait and See, Burger Shack, Darkest Woman on Earth, The Loop

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