Karate – ‘Make It Fit’

Karate – ‘Make It Fit’

Album / Numero Group / 18.10.2024
Rock à papa

Il y a des groupes que nos émois de jeunes adultes ont sacralisé au fil du temps. Des albums que l’on a tellement écouté qu’ils incarnent à jamais une période de notre vie dont on devient instantanément nostalgiques dès lors que le diamant de notre platine se pose sur ces sillons qu’il connait par coeur. À la fin des années 90, fort de trois premiers disques imparables avant qu’il n’ouvre trop grandes les portes à ses élans jazz, Karate fut de ces musiciens ayant démontré avec un talent incommensurable – et au fil de compositions accessibles sur la forme mais plus complexes sur le fond – que la scène emo-rock pouvait recéler de fantastiques songwriters. Disparu en 2005 après que son frontman Geoff Farina ait cédé à ses problèmes d’audition, le groupe est réapparu l’an dernier à l’occasion d’une tournée de réformation durant laquelle il n’a jamais été trahi par le moindre signe du temps passé. Des irrésistibles mélodies au groove de sa solide section rythmique, tout y était encore intact, comme conservé dans la glace. De quoi rêver d’une suite au moins aussi belle quand le trio de Boston a laissé échapper la nouvelle d’un nouvel album ‘un peu plus rock‘ en préparation.

2024, Make It Fit est désormais à la portée de tous, et le retour sur Terre est particulièrement violent. Une fois le disque lancé, inutile d’attendre trop longtemps pour faire face à la triste réalité : nous ne sommes plus en 1998 et, comme nous, Geoff Farina, Jeff Goddard et Gavin McCarthy ont vieilli. Peut être plus vite que nous encore qui nous apprêtions à succomber de nouveau aussi facilement qu’à l’écoute de The Bed Is In The Ocean. Forcément, la chute est ici aussi impressionnante que le challenge était relevé. Certes, la voix n’a pas changé d’un iota, le jeu de chaque musicien n’a pas bougé, chacun l’ayant nourri via divers projets ces vingt dernières années. Alors, quel est le problème du Karate version 2024 ?

L’inspiration messieurs-dames ! Le temps de ces dix titres, le trio flanche à plusieurs reprises du côté d’un blues-rock digne d’un grand concours de barbecue dans le Midwest (Bleach the Scene, Three Dollar Bill) ; rappelle de longues virées à moto, avec le cuir sur le dos, les franges de la veste au vent et la moustache qui frise (Cannibals) ; ou pire, sonne comme un groupe de reprises avec quelques décennies sous la godasse (Defendants, Rattle the Pipes, People Ain’t Folk). Faites les comptes, ça ne laisse pas grand chose à se mettre sous la dent, sachant que les trois titres venant compléter ce nouvel album ne sont pas des plus mémorables tant ils ne font que toucher du doigt la grâce d’une époque bel et bien révolue. Si Fall to Grace renoue avec les automatismes les plus récents avec ses soli jazzy à rallonge, les fans de la première heure ne pourront compter que sur les esseulés Liminal et surtout Around The Dial pour un dernier frisson de la part d’une valeur sûre devenue un pur labeur. Un triste retour à très vite oublier, ou à préférer sur scène.

ECOUTE INTEGRALE

A ECOUTER EN PRIORITE
Liminal, Around The Dial

EN CONCERT

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